Le prénom « Hiziya » en Algérie évoque le récit d’une célèbre histoire d’amour bédouine qui connut une fin tragique causée par la mort de la jeune Hiziya et la douleur de son amoureux Saïd.
Décrite comme une icône de la beauté et de l‘amour, Hiziya serait née en l’an 1855 dans une famille issue des tribus de Beni-Hilal dans la région de Sidi-Khaled proche de Biskra. Selon l’historien Mohamed El-Arabi Harzallah, Hiziya est une princesse appartenant à la famille Bouakaz, une des branches du trône d’El-Dhaouada. Bouakaz est le nom du prince Ali ben El-Sakhri qui fut nommé Emir de la région des Zibans en 1496 par les Zianides.
On transmet de génération en génération le récit de sa passion amoureuse pour un homme de sa tribu et son dévouement à lui, malgré les pressions exercées sur elle. Dans la version la plus connue du récit, on raconte que son bien-aimé est son cousin prénommé Saïd qui, orphelin, avait été parrainé par son père.
Un bonheur éphémère
La nouvelle de leur amour s’étant répandue, et craignant pour la réputation de sa fille, le père de Hiziya chasse Saïd et tente de la marier à l’un des chevaliers de la tribu. Mais l’affection et le dévouement des deux amoureux l’un pour l’autre étaient tellement forts que leurs familles finirent par céder et l’amour triompha ! Ils se marièrent et vécurent de merveilleux jours de noce.
Hélas, leur bonheur n’allait pas durer longtemps, Hiziya, prise d’un malaise durant une halte de la caravane qui revenait d’un séjour saisonnier, meurt subitement sans que l’on sache, jusqu’à nos jours, les raisons de son décès.
Eternel poème
Saïd, accablé de tristesse et inconsolable, demanda au poète Mohamed Ben Guittoun d’écrire une poésie en hommage à sa dulcinée, et partit loin de sa tribu pour vivre la solitude dans l’immensité du désert.
Le poème, une sorte de plainte d’un jeune homme devant la mort de sa bien-aimée dont la beauté et la douceur sont si bien décrits, donna lieu à différentes versions tant écrites que chantées, cependant ce sont les versions chantées qui ont fait connaître au grand public cette tragique histoire d’amour.
Hiziya fut enterrée au cimetière de Sidi-Khaled à Biskra où, aujourd’hui, des touristes viennent se recueillir devant sa tombe.
Le chant de la complainte de « Hiziya » a exercé chez l’auditoire une fascination de la noblesse et la grandeur des gens du Sahara et suscité chez beaucoup de passionnés une nostalgie pour une époque et un lieu qu’ils n’ont pourtant jamais connus.
La reine des jouvencelles m'a dit adieu Ô mon frère Cette nuit elle a disparu et sombré dans la mort Celle aux yeux noirs a quitté la maison de la vie Je l'ai serrée sur ma poitrine elle est morte sur mon sein Et les larmes de mes yeux coulent sur mes joues Ils l'ont jetée dans un linceul celle aux yeux noirs La meilleure des femmes a laissé tristesse en mon cœur Mon esprit s'égare j'erre dans la campagne Ne laissant ravins monts ni montagnes Passage de la traduction de la poésie « Hiziya » par Pr Djamila Saadi Mokrane dans son ouvrage « Langages sahariens : musique, corps et poésie dans Hiziya »
Image de la femme dans le désert : mubasharnz5599 - Pixabay